À la Une: Emmanuel Macron suit son propre tempo au Proche-Orient

Revue de presse des hebdomadaires français - Un pódcast de RFI - Domingos

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Un tempo qui aurait bien besoin d’un métronome selon Le Figaro alors que le président français est attendu ce mardi à Tel Aviv. Le quotidien estime « le "en même temps" à l’épreuve du contretemps ». Dix-sept jours d’attente avant de se rendre en Israël, Le Monde en convient : il s’agit là d’une « visite tardive », après celles de l’Américain Joe Biden, du Britannique Rishi Sunak, de l’Italienne Giorgia Meloni ou encore du Néerlandais Mark Rutte. Le chef de l’État en retard ? Non, il a « voulu temporiser », nuance le journal, en raison « des différences de sensibilité en France, où cohabitent la plus importante communauté juive d’Europe […] et un courant propalestinien remobilisé »Certes, consent Le Figaro, le président a peut-être craint de voir les banlieues s'enflammer – façon de pointer sans le dire, et donc sans devoir s'expliquer, les communautés musulmanes habitant ces quartiers. Sauf qu' « à défaut de spontanéité, Emmanuel Macron s’est enfermé dans le calcul ». Ce qui « l’a cantonné jusqu’ici à une invisible diplomatie du téléphone ».Une stratégie qui ajoute de la difficultéCar depuis deux semaines, non seulement il a été précédé de plusieurs dirigeants, mais le conflit s’est aggravé et les écarts se sont creusés. Un spécialiste interrogé par Le Monde avertit : « Si Macron déclare la même chose » que ses homologues, « ce sera catastrophique » en termes d’équilibre. Ce qui l’oblige à « dire quelque chose de neuf » pour rendre un autre discours audible. Difficile lorsque l'on porte la voix d'une « France aphone » comme le titre L’Humanité.Bref, une véritable épreuve de « funambulisme » attend Emmanuel Macron, prévient Libération, puisqu’il « lui faudra apporter son soutien à l’État hébreu, plaider la négociation sur la libération des otages, et en faveur d’un accès humanitaire maximal à Gaza ». De la politique « de casse-cou », avec des chances de réussite assez minimales. Un diplomate rencontre par Libé le dit franchement : « Si le président Biden n’a rien obtenu, ou simplement des miettes, je ne vois pas vraiment comment le président français pourrait obtenir plus. »La Croix en rajoute une couche : depuis le 11-Septembre, Paris n'est plus forcément audible au Proche-Orient. « La question sécuritaire a rapproché [la France] de la ligne israélienne et l’a éloignée de l’espace arabo-musulman. » Conclusion : le pays semble aligné sur l’État hébreu, et le voyage d’Emmanuel Macron « va renforcer, aux yeux du monde non occidental », cette impression. Et le titre catholique assène le coup de grâce : la France est de toute façon de moins en moins crédible dans la région, à cause « des tensions de politique intérieure, liées notamment aux nombreux différends suscités par les querelles autour de la laïcité et de l’immigration ».Polarisation palpable à l’Assemblée nationaleL’hémicycle quasiment vide pour débattre du Proche-Orient n’a pas empêché les rares présents d’exposer leurs divergences, rapporte Libération. Des désaccords entre la majorité et les oppositions, mais surtout entre la gauche et la gauche. « Entre les alliés de la Nupes, le fossé a semblé s’agrandir encore », jusqu’à cette humiliation essuyée par la présidente du groupe La France insoumise (LFI) Mathilde Panot. Son discours, « couvert par les huées des élus de la majorité […] n’a guère été soutenu par les bancs socialistes, écologistes et communistes ».Car LFI, et surtout son chef honorifique Jean-Luc Mélenchon, s'est rendue responsable d'un nouveau fait d'armes : un très virulent message contre la présidente de l’Assemblée Yaël Braun Pivet, en déplacement à Tel Aviv. Réaction immédiate, une « condamnation générale de la part des macronistes » et un « tollé à droite », note Le Monde. Mais à gauche, cela n’a fait que renforcer des divisions déjà creusées. Ce dont se félicite Le Figaro qui n’attend qu’une chose : « Déjà en surchauffe, la machine à polémique ne va pas tarder à exploser » et avec elle, LFI.Un système fiscal prêt à craquerMais vide à pleurer : il lui manque 1000 milliards d’euros. Autant d’argent envoyé vers des paradis fiscaux par les multinationales. « Accablant », se désole L’Huma : « À force de baisser constamment l’impôt sur les sociétés […], les gouvernements rognent eux-mêmes leurs propres recettes. » Il y a un autre problème, souligné par une experte dans les colonnes du quotidien communiste : « À chaque fois qu’on émet une règle en matière de fiscalité, on prévoit des dérogations pour la contourner. » Et c’est bien là la preuve, conclut Le Monde, que « l’évasion fiscale n’a rien d’une fatalité » et « résulte de choix politiques ». Reste à faire les bons.

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