À la Une: le conflit israélo-palestinien accapare la presse française

Revue de presse des hebdomadaires français - Un pódcast de RFI - Domingos

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Un conflit que La Croix qualifie de lutte pour « le droit à la terre » ; un affrontement entre le droit « des Palestiniens à vivre dans un État indépendant » et celui des Israéliens « à vivre en paix et en sécurité ». Deux prérogatives que le journal juge aussi légitimes l’une que l’autre, contrairement aux méthodes utilisées : « Leurs moyens ne peuvent être ceux du terrorisme : le soutien doit aller à ceux qui réclament pacifiquement la justice. » Le quotidien catholique invite « ceux qui, en France, souhaitent apporter leur appui à la cause palestinienne » à respecter ce principe, en référence aux récentes turbulences qui ont agité la gauche française, dont certaines figures hésitent aux qualificatifs à employer pour le Hamas.Des tergiversations que Le Figaro fait volontiers contraster avec l’intransigeance de Xavier Bertrand, cacique de la droite française qui lui, salue le journal, « ne veut "aucune complaisance" avec le Hamas ». Et si le groupe armé palestinien ne représente pas la population palestinienne en elle-même, Xavier Bertrand saute quand même le pas. D’après lui, rapporte le Figaro toujours, « si nous refusons le terrorisme islamique, nous sommes du côté d’Israël ». Une vision partagée par le quotidien d’obédience droitière, qui rapporte ainsi qu’à une manifestation en soutien aux Palestiniens ce dimanche 22 octobre, certains « ne disent pas "Allah Akbar", mais le pensent fort ». Un parallèle aussi expéditif qu’inapproprié entre ces rassemblements et des événements qui hantent la mémoire traumatique nationale. D’ailleurs, le Figaro préférerait ouvertement que ces manifestations soient interdites, lui qui les considère comme « à haut risque ».Liberté de manifesterLe Monde la défend becs et ongles, même s’il prévient : « Nul ne peut l’ignorer : en France, où cohabitent les plus nombreuses communautés juive et musulmane d’Europe, l’importation du conflit israélo-palestinien constituerait un risque majeur. » La question d’autoriser ou non les manifestations de soutien à tel ou tel camp n’a donc rien de superficiel. Mais il n’empêche : « En France comme dans toutes les démocraties, le principe est la liberté de manifestation, et il mérite d’être défendu. » Fort heureusement, se rassure le quotidien, il reste la justice qui, selon lui, a fait preuve ces dernières semaines d’ « un sens de la nuance qui tranche avec les déclarations à l’emporte-pièce de Gérald Darmanin ».Le turbulent ministre de l’IntérieurVéritable « ministre de la surenchère » pour le Monde. Libération estime même avoir affaire à un « affranchi de l’extrême », une sorte de cow-boy de la démocratie, qui « entend démontrer, en agissant quasiment hors-la-loi », que « l’état du droit l’empêche d’agir à sa guise pour assurer la sécurité des Français ». Condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour avoir expulsé des réfugiés tchétchènes, dédit par la justice française à plusieurs reprises ces derniers mois, il est pourtant, estime Libé, « renforcé d’avoir enfreint la loi » sans que cela « émeuve personne » que le gouvernement « traite la justice comme une ennemie de l’intérieur ».Plus sobrement, Le Monde remarque que Gérald Darmanin « clive », « multiplie les déclarations polémiques », et « sature l’espace médiatique ». De fait, il a, rappelle le journal, « de longue date, théorisé une stratégie d’occupation de l’espace public, conscient que chacune de ses déclarations éclipse aussitôt les précédentes pour ne laisser subsister qu’une image de fermeté ». Et cette agitation a, pour lui, un mérite : le poser en « premier flic de France intraitable », face à « la faiblesse supposée d’Emmanuel Macron dans le secteur régalien ».La gauche embourbée dans ses contradictionsDéjà mal en point, la gauche se donne elle-même le coup de grâce et Le Figaro se frotte les mains : « La Nupes n’est plus ce qu’elle était. » La coalition, « brinquebalant ovni politique » est même « au bord de l’implosion… ». Voilà le quotidien prêt à lui donner l’extrême onction.Fait rare, c’est pourtant Libération qui signe l’acte de décès : « La Nupes a implosé sous l’effet du conflit. [...] Personne n’imaginait que la fin serait provoquée par un drame international », et pourtant nous y voilà. Une lente agonie qui a la fâcheuse conséquence de donner à la gauche toute entière, regrette Libé, « l’image confuse d’un camp en proie à des querelles de vocabulaires et des guerres stratégiques ». Et pendant ce temps, conclut amèrement le quotidien, « les amis de Marine le Pen jouent coup double ».

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